Le revirement soudain du Général américain Michael Langley sur la situation au Burkina Faso ne manque pas d’interroger. Après avoir accusé en avril, devant le Sénat américain, le gouvernement du Capitaine Ibrahim Traoré de mauvaise gestion des ressources minières, le chef de l’AFRICOM a adopté, ce 30 mai à Nairobi, un ton radicalement différent, saluant cette fois, la réaffectation des revenus miniers burkinabè au profit de la société civile.
Ce changement brusque de discours intervient dans un contexte de fortes tensions diplomatiques. La réponse du Président Traoré avait été cinglante, qualifiant Langley de « menteur » et dénonçant une stratégie bien connue : l’instrumentalisation de figures africaines pour justifier des ingérences occidentales. Le parallèle fait avec le précédent libyen, évoqué sans détour par le Président burkinabè, est lourd de sens et rappelle à quel point la vigilance s’impose.
Aussi à ne pas perdre de vue, la visite du sous-Secrétaire d’Etat adjoint américain pour l’Afrique de l’Ouest Will Stevens à Ouagadougou pour tenter de rétablir une image ternie par ces accusations. Coïncidence ou réelle volonté de l’administration Trump de rectifier le tir ? Cette initiative ne sous-entend pas une mission cachée ?
Dans tous les cas, les autorités burkinabè devraient rester sur leurs gardes : l’appel au dialogue lancé par Langley pourrait cacher un repositionnement stratégique, et non une volonté sincère de coopération.
Adjo Massan